Kankan, La crise du pain dans la ville de Kankan a pris une tournure alarmante. Dans la nuit du vendredi 18 au samedi 19 septembre 2025, plusieurs boulangers affirment avoir été victimes d’une intervention musclée dirigée par Djènè Madi, administrateur du marché Sogbè. Ces derniers dénoncent des actes d’agression, la destruction de leurs biens et des arrestations arbitraires. Ils réclament aujourd’hui justice.
Réunis à Missira chez leur responsable, les boulangers concernés ont livré des témoignages accablants. Selon eux, Djènè Madi aurait mené une descente nocturne à bord d’un pick-up, accompagné d’hommes armés et de policiers. L’opération aurait entraîné l’arrestation de douze boulangers, la destruction de centaines de miches de pain destinées à la vente matinale, ainsi que la disparition de certains collègues.
<< Nous faisons le pain à crédit pour approvisionner la population dès l’aube. Mais ils ont tout saccagé. Certains de nos collègues ont même disparu >>, déplore Aly Badra Traoré, président du collectif des boulangers de Kankan.
Grâce à l’intervention du maire, les boulangers arrêtés ont été relâchés quelques heures plus tard, après avoir été détenus au commissariat de Missiran.
Mais les pertes sont lourdes. Les artisans, qui travaillent dans des conditions précaires et souvent à crédit, redoutent désormais la réaction de leurs créanciers.
<< Les gens qui travaillent avec moi préfèrent aller en prison plutôt que d’affronter leurs créanciers. Nous avons tout perdu >>, confie M. Traoré, visiblement bouleversé.
« Je vais saisir le président de la chambre de commerce, car je n’ai pas les moyens de compenser ces pertes. Nous demandons simplement que justice soit rendue. »
La version des autorités : une opération “nécessaire”
De son côté, Djènè Madi assume avoir dirigé l’opération. Il affirme avoir agi sur instruction des autorités communales, justifiant l’intervention par un non-respect des accords passés entre les boulangers et la commune.
<< Ces boulangers ont trahi la population. La commune leur avait demandé de produire deux types de pain : une miche à 3 000 GNF et une autre à 5 000 GNF. Mais ils refusaient de fabriquer celle à 3 000 et forçaient les clients à acheter celle de 5 000 >>, a-t-il déclaré.
Il ajoute que certains boulangers ont, selon lui, présenté leurs excuses après les faits.
Interrogé sur la situation, le président de la Chambre de commerce, Mamadi Diaby, a annoncé qu’un compromis a été trouvé.
<< Nous avons décidé de produire les deux types de pain, à 3 000 et 5 000 francs guinéens, comme convenu lors du dernier rassemblement des parties prenantes >>, a-t-il assuré.
À ce jour, l’autorité communale de Kankan ne s’est pas encore officiellement exprimée sur l’affaire, alimentant les spéculations et l’inquiétude des citoyens.
Guineeconstat.com Kankan Mamadou Camara