Depuis son lancement officiel le 13 novembre 2024, la troisième édition du Festival sur le Milo anime la commune urbaine de Kankan. Créé pour sensibiliser et mobiliser autour de la préservation du fleuve Milo, ce rendez-vous s’est progressivement transformé en un événement culturel majeur, attirant artistes, responsables locaux et acteurs sociaux.
Si l’initiative est saluée pour sa capacité à rassembler, les interrogations persistent quant à son efficacité réelle en matière de sauvegarde environnementale.
Pour de nombreux citoyens, les objectifs initiaux du festival semblent s’effacer derrière son aspect festif. Malgré les discours et les actions annoncées, comme le reboisement des berges, le fleuve continue de se dégrader. Lanciné Faro, environnementaliste à la retraite, partage ce constat amer.
« L’idée de sauver le fleuve Milo est bonne et mérite d’être médiatisée, mais sur le terrain, les résultats restent inexistants. Les reboisements entrepris sont inefficaces parce qu’ils se concentrent sur des plaines, des zones non adaptées. Cela ne peut pas fonctionner », affirme-t-il avec regret.
Le fleuve Milo, essentiel pour la vie à Kankan et dans les localités environnantes, subit de multiples agressions.
« Ce n’est pas seulement un problème de Kankan. De Karifamoriah à Makonon, le fleuve est attaqué de toutes parts. Par exemple, les déchets des briqueteries et d’autres activités humaines doivent être détournés, loin du cours d’eau. Sinon, on ne fait que précipiter sa destruction », alerte Lanciné Faro.
Pour inverser la tendance, l’ancien environnementaliste plaide pour des actions plus ciblées et durables.
« Il faut commencer par sensibiliser la population et identifier des zones adaptées pour planter des arbres. Les jeunes doivent être impliqués. Plutôt que des campagnes massives et inefficaces, il vaut mieux planter peu, mais assurer leur survie. Avec de la patience, on peut reboiser les alentours du fleuve, kilomètre par kilomètre, et préserver ce patrimoine pour les générations futures.»
Alors que le festival s’achève ce dimanche, les attentes sont grandes. Nombreux sont ceux qui espèrent que cette édition permettra enfin de passer des mots aux actes pour sauver le fleuve Milo, véritable symbole de la région.
Kankan Mamady Mawa Sangaré